institutions publiques, la question de la souveraineté numérique s’impose avec acuité.
Le thème du forum SIPEN 2025 – « Maîtriser nos données pour construire un futur
numérique souverain et compétitif » résonne ainsi comme un appel à repenser nos modèles
de gouvernance et à consolider nos fondations technologiques.
Il ne s’agit plus seulement de parler transformation digitale, mais désormais de protection,
de confiance et d’indépendance numérique.
LA SOUVERAINETE NUMERIQUE N’EST PLUS UNE OPTION
Les données sont aujourd’hui le cœur battant de nos économies, de nos administrations et
de nos politiques publiques.
Elles orientent nos décisions, structurent nos institutions et façonnent nos vies quotidiennes.
Mais une question essentielle demeure : maîtrisons-nous pleinement leur cycle de vie de
la collecte à la sécurisation ?
Au Sénégal, l’État a depuis plusieurs années fait le choix stratégique d’une gouvernance
publique de la donnée, avec la mise en place d’infrastructures nationales opérées par
SENUM SA (ex-ADIE). Cette orientation place le pays parmi les pionniers africains en
matière de souveraineté numérique institutionnelle.
Le Sénégal fait également partie des premiers pays du continent à avoir inscrit la protection
des données personnelles dans son cadre législatif, avec la loi n°2008-12 et la création de
la Commission de Protection des Données Personnelles (CDP). Cette avance juridique
témoigne d’une volonté précoce d’encadrer la gouvernance de la donnée et de garantir la
confiance numérique.
Mais la souveraineté numérique ne se résume pas à un cadre légal : elle se mesure à la
capacité du pays à appliquer ces principes à travers des infrastructures locales, des
compétences nationales et une culture de la sécurité numérique partagée entre institutions,
entreprises et citoyens.
Cependant, l’enjeu dépasse désormais le seul cadre étatique :
il s’agit de garantir la sécurité, la localisation et la valorisation des données dans tous
les secteurs, publics comme privés.
Dans un monde où l’autonomie numérique devient un levier stratégique, l’Afrique ne peut se
contenter d’utiliser des technologies importées.
Maîtriser nos données, c’est maîtriser nos décisions, nos infrastructures et notre
avenir économique.
LA CYBERSECURITE, NOUVEAU PILIER DE LA STABILITE ECONOMIQUE
Les récentes attaques informatiques menées contre des institutions sénégalaises rappellent
que la vulnérabilité numérique est devenue un risque systémique.
Elles mettent en lumière une réalité : la transformation digitale ne peut progresser
durablement sans une réflexion approfondie sur la résilience des systèmes, la sécurisation
des données critiques et la préparation des équipes.
Selon le rapport 2024 de Kaspersky, plus de 10 millions de cybermenaces ont été
détectées et bloquées au Sénégal en une seule année.
Derrière ce chiffre :
plus de 600 668 tentatives d’accès non autorisé via des protocoles distants
(RDP);
près de 293 089 attaques exploitant des failles de sécurité dans les systèmes ;
et plus de 71 865 vols d’identifiants recensés.
Ces données révèlent une tendance inquiétante : les infrastructures critiques publiques
comme privées sont désormais des cibles privilégiées.
Mais elles mettent aussi en lumière une urgence : celle de penser la souveraineté
numérique non pas comme un slogan politique, mais comme une stratégie
opérationnelle.
Autrement dit, il ne suffit plus de digitaliser, il faut sécuriser et maîtriser.
La donnée devient un actif national : elle doit être hébergée localement, protégée selon des
standards internationaux, et administrée par des compétences locales capables d’en garantir
l’intégrité. Car au-delà de la cybersécurité, c’est bien la résilience économique et
institutionnelle du pays qui se joue.
Un incident majeur ne touche pas qu’un système : il affecte la confiance, ralentit l’activité,
fragilise les politiques publiques. L’enjeu dépasse la simple réaction face aux menaces. Il
s’agit de bâtir une cyber-résilience nationale, capable d’assurer la continuité des services
publics, la protection des citoyens et la confiance des partenaires économiques.
Et cette résilience passe avant tout par la maîtrise locale des infrastructures, des
compétences et des processus.
Construire un futur numérique souverain, c’est d’abord s’assurer que nos données,
celles de nos citoyens, de nos entreprises et de nos institutions soient entre de
bonnes mains.
L’AFRIQUE AVANCE, MAIS LE CHANTIER RESTE VASTE
Cette prise de conscience ne se limite pas au Sénégal. Partout en Afrique de l’Ouest, les
États, les entreprises et les institutions publiques s’engagent dans une même bataille pour
la maîtrise de leurs données.
Une évolution portée par trois réalités concrètes :
la multiplication des incidents de cybersécurité, qui poussent à renforcer les
infrastructures locales ;
la nécessité d’assurer une confidentialité conforme aux cadres légaux
africains ;
et la volonté croissante de créer de la valeur sur le continent, à partir de la
donnée produite localement.
Dans cette dynamique, plusieurs initiatives structurantes méritent d’être saluées
Au Sénégal, le Data Center de SENUM s’impose comme une pierre angulaire de la
stratégie nationale, offrant aux administrations un hébergement souverain et sécurisé.
Au Nigeria, la société publique Galaxy Backbone opère un vaste réseau gouvernemental de
données et des services cloud souverains, permettant à l’État fédéral de réduire sa
dépendance aux infrastructures étrangères.
En Côte d’Ivoire, la mise en service du Raxio Abidjan Data Center, certifié Tier III, marque
une étape importante vers une autonomie numérique régionale.
Et à l’échelle continentale, l’alliance Smart Africa Trust Alliance (SATA) œuvre à bâtir un
cadre d’interopérabilité et de confiance numérique entre les pays membres.
Ces projets traduisent un mouvement de fond : celui d’un continent qui passe de la simple
adoption technologique à la conception et à la gouvernance de ses propres systèmes
numériques.
Derrière chaque initiative, il y a des ingénieurs, des architectes systèmes, des experts en
sécurité et en biométrie, des talents africains qui prouvent que la compétence locale est au
cœur de la souveraineté numérique.
BATIR UN AVENIR NUMERIQUE SOUVERAIN : DU DISCOURS À LA PRATIQUE
La souveraineté numérique n’est pas un slogan, c’est une responsabilité collective.
Elle repose sur la capacité des acteurs africains à concevoir, sécuriser et faire vivre leurs
propres infrastructures et leurs propres systèmes d’information. Et sur ce terrain, des
résultats concrets émergent déjà.
Au Sénégal, des plateformes d’identité numérique et de gestion biométrique conçues par
des entreprises nationales comme Synapsys Conseils SA illustrent cette avancée. À
travers SYLAB, son système de lecture et d’authentification biométrique, Synapsys participe
à la construction d’un écosystème numérique où l’exploitation et la valorisation des données
s’effectuent dans des environnements souverains, sécurisés et interopérables.
Ces technologies d’identification fiables ne servent pas uniquement à sécuriser l’accès aux
services : elles favorisent aussi l’inclusion sociale, en permettant à chaque citoyen de
bénéficier d’une reconnaissance juridique et d’un accès équitable à des services essentiels
tels que la santé, l’éducation, les prestations sociales ou les services financiers. En liant
identité numérique et gestion des données, elles contribuent à renforcer la confiance
dans les systèmes publics et à garantir la transparence des interactions.
Dans le secteur public, l’intégration de solutions d’enrôlement et de vérification biométrique a
déjà permis d’améliorer la fiabilité des registres et de consolider la confiance dans les
processus d’identification.
Dans l’enseignement supérieur, l’usage de technologies reliant identité, paiement et contrôle
d’accès contribue à une gestion plus fluide, tout en assurant la traçabilité et la sécurité des
échanges de données.
Ces exemples traduisent une évolution silencieuse mais structurante : la capacité du
continent à bâtir des architectures numériques fondées sur la maîtrise des données et la
valorisation de l’identité numérique comme levier de développement. Ils illustrent aussi la
montée en compétence d’équipes africaines capables d’assurer l’ensemble de la chaîne -du
développement logiciel à la cybersécurité, en passant par l’hébergement et la maintenance
des systèmes critiques.
Plus largement, cette dynamique invite à repenser la transformation numérique non plus
comme une simple adoption technologique, mais comme un projet de souveraineté, de
compétitivité et d’inclusion.
Un projet où les États, les entreprises et les institutions régionales s’unissent pour :
mutualiser les infrastructures et les capacités de traitement des données ;
développer des plateformes interopérables et conformes aux cadres réglementaires
africains ;
renforcer la confiance des citoyens dans les systèmes numériques qui les
concernent.
Parce qu’en définitive, la souveraineté ne se décrète pas, elle se construit ligne de
code après ligne de code, système après système, projet après projet.
Et ce sont les initiatives concrètes, portées par des acteurs engagés tels que Synapsys, qui
dessinent aujourd’hui le socle d’un futur numérique africain réellement souverain, inclusif
et compétitif.